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Crédits : Football 365

PSG-OM : rivalité encrée ou produit marketing ?

Par Célien Milioni-Brunet

Aujourd’hui, le classique OM-PSG est considéré par les amateurs de football comme l’une des plus grandes affiches du championnat. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Stratégies médiatiques, renouveau footballistique, haine mutuelle, le Troisième Oeil vous plonge dans cette rivalité, bien plus récente que l’on ne croit.

Nous sommes dans les années 1980 et l’OM entre dans une nouvelle dimension. Suite à la baisse de régime des grandes têtes du championnat de France, comme l’AS Saint-Etienne ou les Girondins de Bordeaux, grand rival de l’OM, le club phocéen enchaîne les victoires sur le plan national et commence à se faire remarquer sur le devant européen.

 

Les origines d'une rivalité

Alors que les rencontres entre le club de la capitale, créé il y a de ça une quinzaine d’années, et celui des marseillais, sont pour le moins anodines, l’OM domine le championnat depuis l’arrivée de Bernard Tapie au club en 1986. De 1989 à 1992, ce sont 4 nouveaux titres de champions de France qui s’ajoutent au palmarès de l’Olympique de Marseille, en manque de concurrence. C’est alors au début des années 90 que le club se met à la recherche d’un nouveau rival, dans le but de « perpétuer cette rage de vaincre », comme le dit lui-même le président de l’époque. Quoi de mieux que le Paris Saint-Germain, qui peine à être régulier à cette période, et qui souhaite écrire son nom dans l’histoire du championnat de France.

 

Michel Denisot et Bernard Tapie.

Avec le rachat du club de la Capitale en 1991 par Canal +, les médias français rêvent d’une affiche « Nord-Sud », d’un match qui ferait saliver tout fan de football. Une rivalité qui aura débuté 2 ans auparavant, lors d’un match aux saveurs de finale : 5 mai 1989, l’OM, premier, affronte le PSG, dauphin, dans une ambiance tendue au Vélodrome, aussi bien entre supporters qu’entre membres des clubs. Une victoire 1-0 des blancs et bleus qui verra naître les prémices du conflit. Alors que Michel Denisot, dirigeant de Canal + à l’époque, veut faire du PSG une grande écurie du football français, le président marseillais Bernard Tapie voit en Paris le moyen de créer un nouveau duel qui saura attiser la curiosité de tous. Les 2 amis se servent d’une rivalité sociologique, où Marseille ne se sent pas respecté en France, contrairement à Paris, pour créer la rivalité sportive. Une rivalité sociologique dans laquelle Marseille, considéré comme “la ville pauvre”, ne s’est jamais laissé assujettir par la richesse parisienne. Une rancœur qui s’exprimera par la suite dans le football.  Avec l’apport du média français L’Equipe, référence sportive en France, qui considère cet affrontement comme le futur du championnat français, l’affiche OM-PSG devient rapidement l’une des plus suivies dans l’Hexagone. La volonté des journaux français d’instaurer le nouveau Classico, en comparaison au FC Barcelone-Real Madrid en Espagne, prend forme au fur et à mesure. le Classique fait alors le tour des médias, et passionne les suiveurs réguliers.  Cependant, victime de son nouveau statut, la pression médiatique et la haine inculquée aux joueurs et aux supporters donneront lieu à un match que beaucoup veulent oublier.

Le tournant de la guerre

18 décembre 1992 : le Paris Saint-Germain accueille l’OM au Parc des Princes. Une partie qui aura commencé bien avant le coup d’envoi. Parisiens comme Marseillais se défiaient quelques jours auparavant. Un procédé qui aura laissé place à des déclarations cultes, comme celle de David Ginola, qui avait promis réserver « la guerre » aux Marseillais. 2 équipes de soldats pour un match qui tournera vite au massacre. 55 fautes (dont 33 en première période), 6 cartons jaunes et aucun rouge, ce qui semble invraisemblable lorsqu’on revisionne les images. « Des regards remplis de haine » sur des joueurs méconnaissables, précise l’arbitre du match Michel Fournier, qui aura eu la lourde tâche de diriger le Classico le plus violent de l’histoire, aujourd’hui surnommé « la boucherie ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Boucherie de 1992 - Ouest France

Pour les supporters marseillais et parisiens, cette rencontre marque un véritable tournant de la rivalité. .Ce match s’inscrit dans l’histoire et montre le changement de dimension d’un conflit qui ne fera qu’accroître au fil des années. L’OM sera 6 mois plus tard sacré champion d’Europe, et reste encore aujourd’hui le seul club français à avoir remporté la Ligue des Champions. Un argument utilisé très souvent par les supporters phocéens pour chambrer le PSG.

Qu'en est-il aujourd'hui ?

Le Classique est aujourd’hui une référence des affiches de Ligue 1, et il semble difficile de ne pas la voir passer. De la propagande dans les médias aux publications sur les réseaux, l’affrontement OM-PSG se place de nos jours dans les mœurs du championnat français.

Depuis l’arrivée des Qataris au PSG, le rapport de force s’est pourtant quelque peu inversé. L’OM peine à tenir la cadence (aucun titre depuis onze ans) et les Classicos sont régulièrement devenus le théâtre de victoires parisiennes (48 contre 35 pour Marseille). La montée en puissance parisienne a progressivement laissé place à d’autres rivalités, comme celle entre l’Olympique Lyonnais et l’Olympique de Marseille. Pour Pablo, supporter phocéen depuis la naissance, la bataille des 2 Olympiques “a gagné en intensité, surtout quand les 2 clubs sont dans une forme similaire”. Malgré tout, l’engouement pour ces rencontres reste intact : supporters, joueurs, dirigeants, toute une ville est derrière son club pour un affrontement qui est coché dès la sortie du calendrier. Selon Pablo, « un OM-PSG est bien au- dessus de tout. » Une haine réciproque, qui entraîne notamment certaines polémiques, à l’image du chant parisien, dans lequel les Marseillais sont traités de “rat”.

Cette saison, la pression du Classique se ressent davantage. Car si le PSG est en tête du championnat, le club de la capitale traverse une saison compliquée. En position défavorable en Ligue des Champions, les hommes de Christophe Galtier ont été éliminés de la Coupe de France par l’OM. Le club est sous la critique depuis quelque temps, et les déclarations successives de ses membres commencent à agacer sérieusement les supporters, présents en nombre vendredi au Parc des Princes pour l’entraînement ouvert au public. Le capitaine Marquinhos demande à ses coéquipiers « d’apprendre à perdre » quand l’entraîneur lui-même pense qu’ « il n’y aucune honte à perdre. » Un état d’esprit fragilisé donc, en totale contradiction avec celui des supporters, qui n’ont pas hésité à laisser transparaître leur mécontentement vendredi, réclamant par la même occasion la victoire contre l’ennemi. “Une fois pas deux, soyez sans pitié avec eux”,  avons-nous pu lire sur une banderole. De l’autre côté, on observe un OM retrouvé, un OM au beau jeu et à la mentalité de vainqueurs. Depuis la nomination de Pablo Longoria en tant que président du club, l’OM semble enfin construire un projet sportif cohérent, avec la volonté de tutoyer les sommets, lorsque du côté de l’Ile de France, Paris se montre perdu, tant dans les choix sportifs que dans la gestion de l’effectif. Hier soir, nous avons eu donc droit à un choc des opposés inhabituel : des dynamiques différentes pour un OM sûr de ses forces et bien dirigé, face à un PSG essoufflé et qui n’avait pas l’air de savoir comment s’en sortir…  sans un grand Mbappé.

Crédits :Gail Borgia

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