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La crise de la culture contemporaine

Par Jules Lalanne Larrieu

Le niveau de culture de la population ne cesse de baisser depuis le début du 21e siècle. Ce désintérêt, pour le savoir, est un phénomène mondial, dangereux pour l’Homme et la pérennité du système au sein duquel il est inscrit. L’élection de Donald Trump en 2016 est l’expression de cette crise, mais ce n’est pour autant en aucun cas un fait isolé : ces dérives sont amenées à se multiplier dans les années à venir : 60 ans, après qu’Hannah Arendt ait abordé le sujet, qu’en est-il ?

L’Homme possède le besoin naturel de marquer son époque, au travers d’écrits, de découvertes ou d’avancées en tout genre. Des siècles durant, le savoir a permis de progresser, alors que justement, il n’était réservé qu'à des élites. Désormais, il est gratuit, vulgarisé, et accessible en quelques clics ; pour autant, un paradoxe se dégage de cette démocratisation. Là où il était vecteur d’émancipation pour beaucoup, l’apprentissage semble désormais prendre une forme de contrainte. Deux Français sur trois s’estiment plus cultivés que la majeure partie des autres citoyens : la suffisance gagne du terrain, et avec elle, son lot de conséquences.

 

Des informations en danger

 

Les différents groupes sociaux, ont connu depuis le début du développement des nouvelles technologies, une croissance plus ou moins importante. Si les citoyens ont désormais plus rapidement accès à l’info, cette dernière ne garantit rien. L'arrivée des fakes news et de tous leurs mécanismes, menace la crédibilité des informations. Le problème est tel que face à la nécessité d’une vitesse de circulation toujours plus rapide des informations, les médias commettent de plus en plus d’erreurs, et ne filtrent plus, le vrai du faux. Le droit d’extrapoler des situations leur est même conféré, en témoigne la quantité titanesque de « conneries » qui ont pu être lues sur les réseaux sociaux, à propos des tensions sanitaires en Guadeloupe, il y a un mois de cela. Le constat est tel, que désormais, le consommateur d’informations a de plus en plus de mal à discerner les informations vérifiées ou non. Et lorsque ce dernier ne dispose pas des outils intellectuels nécessaires à cette distinction, les conséquences se font sentir. Puisqu’il est vrai, que la connaissance d’un sujet, ou d’une multitude de sujets permet justement, d’analyser, de comprendre de traiter une information, et d’en dissocier donc le vrai du faux. En découle de cette mauvaise assimilation de l’information, des inventions en tout genre, mais surtout, une façon de penser et de percevoir les nouvelles informations biaisées, comme une nouvelle façon de voir le monde, différemment. Et même si la corrélation n’est pas vérifiable en tant que telle, les fakes news et les théories du complot en tout genre, qui ont récemment pris une tout autre ampleur dans la sphère sociale, est réelle. L’individu, mal informé, va développer naturellement toute forme de fantasmes complotistes, pour répondre à ses interrogations. Ce rôle devrait normalement être joué par sa capacité à prendre du recul vis-à-vis de l’information, à mettre de la distance, et à la confronter. Si même les médias traditionnels ne sont plus en mesure de vérifier la véracité des informations proposées, les élections présidentielles s'annoncent chaotiques. La non-capacité de l’individu à penser, pose aussi de sérieux problèmes.

 

Une histoire Historique

 

Les Français ont construit Notre Dame de Paris, quelle fierté. Il ne faut cependant pas oublier que sa construction a causé un nombre de morts inimaginables. Il était confié à ces hommes, la construction de cet édifice, pas sa compréhension. Ainsi, les élites ont monopolisé et monopolisent toujours, une grande partie du monde de l’art et de la représentation : un problème aussi historique que contemporain. L’accès au savoir est certes de moins en moins cher (musées gratuits, expositions…) mais il représente un investissement tel, qu’il peut être décourageant. Le niveau d’exigence des gouvernants envers les gouvernés baisse, alors l’effet inverse se produit aussi, et les gouvernés cèdent à une forme de jemenfoutisme national, renforcé par l’individualisation de la société. Il ne m’est en rien intéressant, d’aller chercher Le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne, à la médiathèque de mon village, puisque je ne comprendrais pas et puis c’est une histoire pour les riches. Et si je comprends, quelque chose d’autre m’y fera manquer. La culture est conservée par les élites sociales, dans le sens où ce sont-elles qui participent financièrement, à la pérennité des arts en tout genre. Elles jouent un rôle sur le plateau culturel français, et ne partagent que très peu la réplique.

 

Et alors maintenant ?

 

Il est bien simple d’écrire des lignes comme cela, sans proposer quoi que ce soit, de critiquer sans proposer : la route est longue. Les plus hautes sphères de la société doivent dans un premier temps faire confiance à sa jeunesse, et aux autres pour qu'elle aussi puisse marquer l’Histoire de sa France. Notre société doit se faire confiance, et faire confiance aux artistes, qui sont là pour la servir. Toutes les classes de la société possèdent leurs artistes. Qu’il soit issu d'un quartier populaire, patron, coiffeur, vétérinaire, assistant EDF, chaque citoyen doit savoir s’exprimer et penser, politiquement. Mais au-delà du spectre politique, il doit surtout savoir s’épanouir sur sa condition d’homme, et le savoir peut grandement l’aider. S'il ne confère pas l’émancipation sociale obligatoirement, il ne fait qu'enrichir les hommes, de connaissance, de réflexion, de beau.

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